Tragédie

Publié le 24 Mars 2018

Mon second divorce est en cours.

Nous avons été convoqués au tribunal. Nous devions, au départ, faire un divorce par consentement mutuel. Suite aux nombreux conflits et à l’attitude changeante de mon ex-mari, j’ai fait finalement demandé le divorce. La requête a été rédigée, envoyée à son avocat. Bien sûr elle n’était pas à son goût. Il a rédigé la sienne avec son représentant. Elle frôlait le mensonge, tant la réalité avait été déformée. Nous nous entendons tout de même sur deux points : Nous vivons séparément, les enfants sont en garde alternée et ils évoluent bien.

Nous avons donc été convoqués au tribunal pour la « conciliation », première étape de la démarche. Le juge a reçu les deux requêtes. Il les a sûrement étudiées avec la greffière. Il nous a rencontrés d’abord séparément, puis collégialement, c’est-à-dire avec nos avocats.

Je m'attendais à voir un homme de forte corpulence, la soixantaine, portant des lunettes à montures d’acier, les cheveux grisonnants, regard sévère et robe d’avocat. Non, je juge aux affaires familiales était ce jour-là un petit gars maigrichon, avec une tête de premier de la classe, 25-28 ans à tout casser, sourire sage et regard doux.

Mon avocate m’avait prévenue : Vous répondez aux questions, le juge n’est pas là pour polémiquer.

Il me pose des questions sur mon état civil, ma situation professionnelle, le mode de garde et l’évolution des enfants, la séparation de corps et surtout sur le souhait de divorcer. Aucune question sur les raisons de notre séparation. Je tente d’être synthétique et positive. Je souhaite lui donner l’image d’une personne réfléchie et stable.  Il me demande si je suis prête à signer aujourd’hui le document de non-conciliation. Je réponds : Oui.

Ce document doit normalement faciliter et écourter la démarche de divorce.

Monsieur est appelé après moi. Mon avocate m’informe en son absence qu’il a dit qu’il ne signera pas aujourd’hui. Je suis abasourdie.

  • « Mais pourquoi ? »
  • Je ne sais pas. Je ne comprends pas moi-même. A vous de me le dire.
  • Je n’en sais rien
  • Il ne vous a rien dit ? Au téléphone ou autre.
  • Non. On ne parle que des enfants, l’organisation.
  • Il fait ça juste pour vous faire chier.
  • Je n’aurais pas mieux dit.

Et ce mot vulgaire dans sa petite bouche soignée me fait frémir de plaisir… Elle l’a lu dans mes pensées. Elle est de mon côté, elle me comprend et surtout elle ne me voit pas comme une menteuse. Je ne mens pas. Je dis la vérité. Toujours. Lorsque j’ai mal fait, je l’avoue : « J’ai peut-être, j’aurais dû, j’ai oublié de dire, cela jouera peut-être en ma défaveur mais … » Comme elle le dit si bien, à ce moment, je suis persuadée qu’il veut juste me faire chier. De toute façon il me l’avait promis : "Ça ne va pas se passer comme ça ! Tu ne me connais pas, tu vas le regretter !" Pour avoir eu le malheur de refuser de poursuivre cette vie de couple, cette vie de dispute, de labeur, d’esclavage et de tristesse.

Donc, il est dans le bureau, seul avec le juge et la greffière. Je suis sûre qu’il me hait, qu’il me salit.

Je m’inquiète. Je pense qu'il me casse du sucre sur le dos, il déforme la vérité comme à son habitude, souhaite me faire passer pour la méchante et lui pour la victime. Je pense qu’il nous faudra bientôt tous entrer dans ce bureau. Je m’attends à un regard désapprobateur du juge.

Nous entrons. Je le trouve rouge… D’émotions ? de colère ? de honte ? tout simplement gêné ? Je ne sais pas trop, je ne peux pas chercher. La situation ne me permet pas de le dévisager pour comprendre.

Le juge prend la parole. La première chose qu’il nous dit c’est qu’aucun procès-verbal ne sera signé ce jour. Monsieur s’oppose parce qu’il souhaite avoir du temps. Il souhaite se rapprocher de Madame et tenter si possible une réconciliation. Il ne veut pas divorcer…

Je serais bien tombée de ma chaise. Je suis sur le cul.

J’éprouve un bref sentiment de soulagement de ne pas avoir été salie. Je suis un peu honteuse d’être si négative et de me fourvoyer autant sur ces intentions. J’ai presque envie de rire, comme s’il s’agissait d’une bonne blague. Je n’y crois pas.

Une fois la surprise passée. Je vois le juge bougé ses lèvres mais je n’écoute plus. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Les dernières fois qu’il m’a contacté, il m’a fait des reproches. Cela a dégénéré en dispute. Je l’ai bloqué sur watshap à cause de ses messages désagréables, ses reproches incohérents sur des peccadilles, le stress qu'il crée. Je ne demande pas de pension alimentaire. Mais lui si. C’est le monde à l’envers… Il est artisan, je suis au chômage. Il est cinglé. A quoi pense-t-il ?

Il dit vouloir se rapprocher de moi. Jusque là il n'y avait pas eu d'invitation, pas même à discuter. Aucun mail, pas de compliments, pas regrets, pas d’excuses uniquement de rares messages fonctionnels et deux grosses disputes au téléphone. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ! Je me demande ce qu’il cherche à obtenir par cette stratégie… Je ne comprends pas.

Et si cela était vrai ? Les choses sont claires de mon côté. Aucune réconciliation n’est envisageable. Je ne regrette pas cette séparation. La vie de couple est complètement impossible avec lui. Il est trop difficile. Trop de tensions entre nous. Non non non jamais. Je ne souhaite même pas en parler tellement que c'est inenvisageable. Il y a quelques jours il m'a envoyé un message m'expliquant qu'il souhaitait qu'on se voit pour discuter. Je n'ai pas répondu. Je n'ai pas envie de parler. J'ai assez parlé pendant ces 4 dernières années... Je n'ai fait que ça. Je n'ai plus de mots. J'ai déjà tout dit. Je ne parle plus. Plus envie de répéter.

Rédigé par Sylvie

Publié dans #divorce

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article