Mère indigne

Publié le 30 Mars 2018

Je suis seule ce soir. Mon fils aîné vient de partir chez son père et mes deux cadets rentrent samedi.

Je me sens… Légère et libre. Comme, contente.

En fait, j’éprouve comme, un écho de la tristesse de mon aîné. Un léger retour. Il n’aime pas aller chez son père. Pourtant, il passera ce week-end de Pâques dans un gîte au bord de la mer, avec son père, la compagne de celui-ci et ses deux garçons (6 et 15 ans) Mais non, il pense d’avance qu’il s’ennuiera. Moi, je trouve que chez moi, il ne fait rien de passionnant. Je suis contente qu’il ait l’opportunité de voir autre chose que notre HLM. Ma situation financière catastrophique ne me permet pas de faire les sorties qui lui plaisent (laser game, paint ball, cinéma et autres parcs chers et sophistiqués). Nous aurions pu profiter de la mer, de la rivière, faire des randonnées ou autre choses peu coûteuses. Mais il ne veut pas. Je ne sais comment le convaincre. Il veut, jouer à la PS4, aller au tambour (cours et spectacles de rue) et rester à la maison.

Casanier comme sa mère… Je prends plaisir à rester chez moi, et je trouve cela étrange chez les autres…

Bref… Je souffre peu de l’absence de mes enfants. J’y prends même parfois plaisir… C’est comme une bouffée d’oxygène. Une réelle pause.

Mère indigne ?

Ce qui me brise le cœur, c’est de les sentir peinés par mon absence. Le moment de la séparation, le « A bientôt, amuse-toi bien », voir leurs yeux inquiets. Sourire, encourager malgré tout. C’est un bref instant… Et puis, ils reviennent toujours, c’est juste pour quelques jours.

Mes enfants veulent rester avec moi. Je me trouve pourtant mauvaise mère : Je crie, je ne m’assieds pas au sol pour jouer, je ris peu, je fais beaucoup de reproches, je ne cède pas aux caprices, je les laisse parfois abuser des écrans (pour ne pas péter les plombs), je parle sans arrêt, j’ai jamais de sous… Je suis acariâtre, indisponible, un peu maniaque du rangement…

Chiante quoi.

Ils ont 14 ans, 5 ans et 3 ans. Les deux derniers m’ont achevé. Lorsque le second a commencé à être autonome, faire ses nuits, quitter la couche, marcher avec assurance, je suis tombée enceinte de la dernière ; qui ne fait toujours pas tout à fait ses nuits. Elle me rejoint encore de temps en temps le soir. J’ai l’impression d’avoir passé, ces 7 dernières années, 24h sur 24h, dans une crèche, à faire l’éducatrice de jeunes enfants. Je pense que c’est sûrement pour cela que je déteste aujourd’hui mon métier car, c’est bien ce qui s’est passé. De 2008 à 2017, j’ai exercé 35 h par semaine en crèche. En rentrant, je devais m’occuper de mes enfants et de ma maison. J’ai eu deux maris qui, j’estime, m’ont laissé, malgré mon emploi à plein temps, les trois quart des tâches éducatives et ménagères…

Sur les genoux… Aigrie… Misandre.

3 enfants. Tout le monde parle des joies de la famille nombreuse, personne n’aborde toutes ses petites choses à gérer quotidiennement : la jalousie omniprésente entre les frères et sœur, le souhait pour le parent d’être toujours le plus équitable que possible, les besoins créer par notre société de consommation multipliés par trois, le manque de temps pour soi, la libido qui décline, le couple qui se délite, …

J’ai voulu, pendant longtemps, être une mère parfaite et appliquer à la lettre tout ce que j’avais lu, entendu et appris en formation. Progressivement, je me suis rendue compte que je me perdais. Je n’avais plus une minute à moi, je m’épuisais. Pressée de finir toutes ces petites choses du quotidien, je n’ai plus laissé aux enfants le temps d’apprendre à faire seul. Faire pour eux allait tellement plus vite… Finir plus vite en espérant gagner un peu de temps pour me reposer ou faire des choses pour MOI. Cette méthode n’était pas la bonne car on ne finit jamais. On s’arrête. Souvent, le soir venu. On se couche. On ne peut même pas profiter de ce moment de répit pour lire, regarder un film, surfer sur le net car le marchand de sable est déjà passé.

En 5 ans, il y a eu trop peu de moments Shopping, coiffeur, sport, sorties.

Mère indigne ? Burn out maternel ? Peut-être. Heureusement, dans mon cas, il s’agissait seulement de choses ressenties. Je suis quasiment sûre que, de l’extérieur, personne n’a rien vu de mon agacement… Même mes enfants. J’ai pris soin d’eux, j’ai été aussi présente que possible, j’ai trouvé l’énergie de surmonter ce malaise et surtout, j’ai divorcé, deux fois… La garde alternée, quoique qu’éprouvante affectivement, a le mérite de permettre aux pères de jouer pleinement leur rôle et offre aux mères un répit. Cette organisation m’offre de réels répits que j’accueille presque sans remords.

Mère indigne ?

Rédigé par Sylvie

Publié dans #garde alternée

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