A la recherche d'un emploi... Indiana Jones

Publié le 24 Décembre 2017

Humour noir

Suite à la prise d’acte de la rupture de mon contrat de travail aux torts exclusifs de mon employeur, je me suis inscrite au Pôle Emploi.

A la recherche d’un emploi…

On peut se représenter le chômeur comme une personne déprimée, oisive, qui reçoit par la Poste des lots de réponses négatives. Suite à cette courte expérience de chômage (depuis 5 mois) cette appellation m’évoque plutôt "Indiana Jones", "A la recherche du trésor perdu des mayas", "l'île mystérieuse" ou autre… Ma recherche d’emploi, mon indemnisation, ma reconversion ressemblent à un parcours jonché d’obstacles, au cours duquel il me faut régulièrement lutter, négocier, convaincre presque supplier...

On peut aussi assimiler le chômage à l'émission "A la recherche de la nouvelle star". On part en casting numérique. On sélectionne dans le lot une offre qui semble nous convenir (un candidat est recherché pour un poste en CDD, titulaire de plus de 2 ans d'expérience, d'un niveau Bac+2 ou 3, situé à 300 bornes de notre domicile et rémunéré au SMIC... Mais bon il faut bien vivre) On réalise le courrier de nos rêves. Une première sélection est réalisée par les conseillers Pôle Emploi. On attend, la résultat tombe : "Vous n'avez pas le profil recherché" ou "Votre candidature a été transmise à l'employeur" Dans le second cas on espère, on en parle à nos proches, on se projette, on attend, on attend, on attend et l'aventure s'arrêtera là, sans plus de réponse. 

Mon indemnisation. Ayant quitté mon poste en litige, mon employeur a trouvé sournoisement comment jouer sur mes nerfs. Bien sûr, elle ne m’a pas remis mon attestation pour le Pôle Emploi, document nécessaire à la mise en place des allocations. Il m’a donc fallu lutter contre elle d'abord : coups de fils sans réponse, rencontre infructueuse, échanges avec les syndicats, menaces de pénalités par jour de retard de remise des documents officiels de fin de contrat… Tout est resté sans résultat, elle me répondait avec une naïveté mal feinte :

- Je ne sais pas quel motif de départ mettre sur le document, je ne t’ai pas licenciée et tu n’as pas démissionné. Que dois-je faire ? »

Ensuite ce fut le tour du Pôle Emploi : Rencontre de conseillers, reprendre à chaque fois la même histoire embarrassante depuis le début, supporter les regards dubitatifs. Exposer mes problèmes financiers (sans aucun revenu après 13 ans d'activité salariée et 7 ans dans la dernière entreprise) Appeler régulièrement pour savoir où en était ma demande d'ouverture de droit (tout réexpliquer à chaque fois) Ce fut comme une fouille au corps... Comme se déshabiller entièrement devant des inconnus... Comme si tout le dossier de justificatifs accompagné du courrier détaillé envoyé au départ s'était éclipsé dans une autre dimension. Mon dossier de demande d’indemnisation est finalement passé par une commission  particulière au sein du Pôle Emploi. Au terme de trois longs mois, mes droits ont été ouverts sans attestation.

O mon île O soleil et ses lenteurs administratives… Cela m’a permis de comprendre que les banques ne sont pas toutes des infâmes voleuses. Les agios ont été suspendus, tous mes frais étaient avancés, mon découvert a explosé.

Indiana Jones je vous dis... 

Inscrite au Pôle Emploi, je décide de mettre en application tous les excellents conseils que je prodiguais aux rares chômeurs que je rencontrais. On a tous des préjugés, une vision, une opinion, un « moi si j’étais à ta place… » Lorsque je travaillais, je disais :

  • Si j’étais au chômage, je profiterai de tous ce temps pour me former, reprendre mes études ou créer mon entreprise. Les chômeurs ont tout un tas d’aides qui le sont proposées, ils ont en plus du temps, bien souvent le quotidien est assuré par les allocations : allocation retour à l’emploi et les autres (familiales, logement…)

J’ai donc très vite (enfin aussi vite que mon petit pays me l’a permis) créée un statut de travailleur indépendant d’éducatrice de jeunes enfants en profession libérale. Carte de visite, site internet, affiches, flyers, plaquettes, projet. Je fais une demande d’ARCE afin que mes allocations soient maintenues. En théorie le dispositif est intéressant, on a environ 2 ans des exonérations et on conserve les allocations. En théorie… Seulement, selon le statut choisi, l’allocation chaque mois est recalculée en fonction de la somme gagnée, ce qui peut impliquer des erreurs de calculs, des retards d’indemnisation ou pire. En ce qui me concerne, mon allocation à Moi, elle a été recalculée à la date d’ouverture de mon statut. J’ai perçu chaque mois, plus 300 euros de moins. Peu leur importait que je n’avais pas encore un « portefeuille d’usagers réguliers », et toujours les mêmes dépenses pour vivre (voire plus : gazoil, impression, matériel pédagogique) En débutant, j’ai bien certains mois réussi à déclarer les 300 euros manquants. Et puis, au fil du temps, c’est si facile de sombrer dans le travail dissimulé. Même sans le vouloir… Lorsque j’ai mis en place des activités de loisirs et que des parents ont règlé leur semaine en espèce, et que ma carte bleue dysfonctionnait et qu’il manquait du lait, des pâtes ou du chocolat noir noisettes entières au frigo… Hop.

L’autre face de la création d’entreprise avec le double statut de demandeur d’emploi. La caisse d’allocations familiales vous considère « chef d’entreprise » et même avec des revenus plus que modestes, il est très compliqué de maintenir l’allocation aide au logement. J’ai bien vite raccroché cette activité plus que prometteuse. De grands projets étaient pourtant en sérieux pour parlers avec les collectivités … Impossible d’attendre leur concrétisation, assurer le quotidien est rapidement devenu plus qu'urgent.

A force de distribution de cartes de visite, le bouche à oreille etc. quelques demandes continuent de me parvenir. Est-ce donc mal d’y répondre et de compléter mes revenus ? Pourquoi la débrouille porte-elle l’affreux nom de travail dissimulé… travail au noir… le black…(Encore.) L’inscription au chômage implique toujours une baisse de revenu qui ne coïncide pour ainsi dire jamais à une baisse des dépenses. Tout chômeur a pour vœu le plus cher de se réinsérer, de jouer un rôle dans la société, de vivre de son activité, de donner un bon exemple à ses enfants, d’avoir des anecdotes de boulot à raconter… Mais, en attendant…

Rédigé par Sylvie

Publié dans #Boulot

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