COUP D’ÉTAT CONTRE MÈRE NATURE

Publié le 20 Mars 2020

COUP D’ÉTAT CONTRE MÈRE NATURE

Auparavant, il y a de cela très longtemps, lorsque les animaux étaient encore dotés de la parole, la Terre était un vrai Paradis. Habitations de ciments, panneaux publicitaires et poteaux électriques ne polluaient pas ses splendides paysages. Les vagues turquoises et cristallines se couchaient sur le sable de plages miraculeuses ; Les forêts étaient à la fois épaisses et accueillantes. Le chant des oiseaux accompagnait le bruit des rivières. Le soleil, le vent, la pluie s’accordaient pour offrir aux habitants de la Terre un climat idéal.

Les êtres vivants étaient aussi en parfaite symbiose avec cette Nature qui leur offrait tout, sans effort. Lorsqu’il pleuvait, les arbres se rassemblaient pour former des abris, la mousse des bois recouvrait les pierres comme un vrai tapis. Les arbres s’inclinaient afin de déposer délicatement au sol mangues, oranges, pommes cythères et autres fruits. En ce temps-là, le travail n’existait pas car les légumes étaient à porter de main et ne nécessitaient aucune préparation. Sur l’île, les Hommes et autres animaux avait une existence simple.  Toutes les créatures étaient heureuses… Enfin presque toutes.

 

L’Homme est depuis toujours une créature curieuse et intelligente et, peut-être trop choyé par sa généreuse mère Nature, il s’ennuyait. Pour s’occuper, il se mit à faire des expériences sur les éléments de son milieu : Il déclenchait des feux de forêt tout simplement pour regarder les flammes ronger les paysages. Il inventait des armes et se mettait à tuer des animaux juste pour le plaisir de la chasse. Insatisfait des abris proposés par Dame Nature, il abattait des centaines d’arbres pour se construire de solides maisons. Dans son inventif enthousiasme, il créa immeubles de béton, moteurs à échappement et plastiques qui très vite vint gêner, polluer la Nature, son hôte. Pendant longtemps, l’île se plia aux caprices de l’Homme sans dire mot. Cette incarnation de la bonté donnait tous les prétextes imaginables aux terribles agissements de son petit dernier : « Il est si intelligent, il ne peut se contenter de boire, manger et procréer. Il imagine, construit, s’occupe. »

 

Mais, un jour, ce qui devait arriver arriva, Dame Nature se rebella. Elle convoqua l’Humain et tenta de le raisonner :

 

  • Ecoute, lui dit-elle, il faut vraiment mettre fin à cette hérésie. Tu maltraites et abîmes ton lieu de vie. Ta dernière invention empoisonne mes rivières et tes aérosols détruisent même mon ciel. Tous ces matériaux que tu trouves si ingénieux et utiles infectent, en se dégradant, terre, mers et végétaux. Tes frères et sœurs animaux te craignent et se plaignent, il faut que tu freines ton imagination… Tu n’es pas seul sur terre, et tes jeux risquent un jour de se retourner contre toi.

 

  • Ne vois-tu donc pas que ton règne est fini ! Rétorqua l’Etre Humain. J’ai compris comment tu fonctionnes et, moi aussi, à l’aide de mes machines, je peux maintenant créer arbres, plantes, coins d’eau, montagnes et animaux. Ta dictature est menacée et tu crains de perdre la place du tout-puissant. Tu m’as fait nu, sans ailes, ni crocs ni griffes. Tu m’as fait faible pour me garder soumis, et voilà que le petit Homme nu se révèle aussi omnipotent que toi, divine Mère Nature. Grâce à mes avions je vole plus haut que ton aigle, mes bateaux à moteurs filent bien plus vite que ton dauphin, de mon fusil je terrasse le plus féroce de tes tigres. Je suis le plus grand des prédateurs, le plus fort. J’ai pris ta place Mère Nature, tu ne pourras plus me détrôner.

 

Blessée, la Terre compris combien cette vie facile avait finalement été néfaste à son petit dernier l’Humain.

 

  • Je t’ai donné une vie simple et sans soucis. Tu n’as pas su t’en contenter. Toi et ta superbe intelligence, vous avez voulu vous la compliquer. Tu parles de place de Roi, tu crois que c’est le pouvoir qui importe, tu veux t’occuper l’esprit car tu t’ennuies. Eh bien je vais te créer la plus prenante des occupations. Elle se nommera Travail, Labeur ou encore Devoir. Pour la rendre encore plus passionnante, je la rends indispensable à ta survie…

 

A ces mots, la Fée Nature disparut pour toujours dans le murmure du vent. Ce jour-là, patate douce, igname, madère et pommes de terre furent engloutis par le sol. Les arbres se figèrent et leur abondante parure de fruits disparut. Le mœlleux tapis de mousse qui recouvrait la terre se volatilisa dévoilant des pierres aiguisées. Cyclone, sécheresse, volcan, raz de marée firent leurs apparitions. Et surtout, l’Homme, depuis ce jour, dût travailler dur pour manger, se vêtir et se loger. Il continue pourtant toujours à tenter de dompter son environnement, dans sa folie il ne réalise pas que finalement exister, c’est tellement simple.

 

Rédigé par Sylvie

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